Paru dans la revue interne des Saint Cyriens :
A raison de 150 000 jeunes « décrocheurs » par an, la France est en train de « perdre » une partie de sa jeunesse et ainsi de mettre en péril son avenir.
A raison de 150 000 jeunes « décrocheurs » par an, la France est en train de « perdre » une partie de sa jeunesse et ainsi de mettre en péril son avenir.
Ce décrochage a des causes multiples, sociales d’abord, éducatives ensuite, mais il paraît vain de montrer du doigt d’éventuels coupables : cela ne servirait qu’à accroître
le pessimisme général. En tout cas, cela ne modifie pas le constat et, surtout, n’enraye pas la spirale de l’échec dans laquelle se trouvent aspirés près de
deux millions de nos compatriotes âgés de 15 à 25 ans.
Laisser tous ces jeunes au bord du chemin est à la fois scandaleux et dangereux : scandaleux car c’est priver le pays d’une part de ses ressources vives ;
dangereux car c’est désespérer ces jeunes gens de toute perspective et les condamner à la marginalité, peut-être à la délinquance, plus grave à la révolte
et pour certains les inciter à la radicalisation. L’enjeu est donc considérable.
Le système politique et l’administration de l’Etat ont institutionnellement en charge les problèmes de la jeunesse, qu’il s’agisse de son éducation, de sa
formation et de son insertion sociale et professionnelle ; ils y consacrent des moyens humains et financiers très importants. Pourtant, le constat de leur
échec est accablant et démontre, année après année, depuis au moins une décennie, leur impuissance à améliorer la situation des jeunes Français.
Nous, citoyens de ce pays, qui avons tant donné et tant reçu, ne pouvons nous résigner à une telle dégradation de la cohésion nationale. Nous sommes déterminés,
au nom de cette citoyenneté héritée des siècles passés, à ne pas laisser ainsi dépérir la nation. Nous voulons tendre la main à nos jeunes compatriotes abandonnés,
et au-delà, en fonction de nos ressources, les aider à prendre leur place dans le tissu social et professionnel, leur donner une espérance, leur inspirer la fierté d’être français.
Certes, des centaines d’associations font déjà un travail exemplaire et désintéressé pour enrayer ce fléau du décrochage. Nous nous engageons à les aider, à les soutenir, à démultiplier
leurs efforts, à généraliser leur action.
Il faut qu’en quelques mois le réseau de solidarité à l’égard des jeunes Français défavorisés gagne le pays tout entier, avec des structures régionales, des implantations départementales
et locales. Ce que l’Etat ne sait plus ou n’ose plus faire, c’est à la « société civile » c’est-à-dire aux citoyens volontaires de l’entreprendre. Il s’agit là d’une « cause nationale »
pour laquelle vous devez vous engager. Nous n’avons pas pour ambition de « changer le monde » ni de le refaire, mais comme le disait Albert Camus dans son discours de réception du Prix Nobel,
« notre tâche est peut-être plus grande ; elle consiste à empêcher que le monde se défasse ».