Paru dans Le Point le 4 juillet 2016
Ils ont réuni leurs forces pour lancer Cap Jeunesse, collectif visant à «aider à l’insertion des jeunes au sein de la société et dans la vie professionnelle». En début d’année, le général Piquemal pourfendait, à Calais, «le déclin et la décadence de la France». D’autres officiers à la retraite ont, eux, choisi l’action et le redressement. Pierre-Louis Santos, 65 ans, dont dix-sept passés dans la marine nationale, et le général Emmanuel de Richoufftz, 68 ans, se sont rencontrés en janvier dans un café.
Ils ont réuni leurs forces pour lancer Cap Jeunesse, collectif visant à «aider à l’insertion des jeunes au sein de la société et dans la vie professionnelle». «Il y a 150 ooo jeunes qui décrochent du système scolaire sans un diplôme. Si on additionne, cela fait 2 millions de jeunes qui ont disparu des radars. Pour certains, c‘est le trafic de drogue ou le djihadisme. La patrie est en danger», avertit le général de Richoufftz. Leur initiative ambitionne de fédérer les associations « qui ont les mains dans le cambouis ».
Cap Jeunesse en regroupe déjà une quinzaine, avec un objectif d’une cinquantaine en fin d’année.Saint-Cyrien et ancien de la Légion passé par le Zaïre et l’ex-Yougoslavie, Emmanuel de Richoufftz n’en est pas à son premier engagement citoyen. En 2004, il devenait le « général des banlieues » en créant un Permis Sport Emploi, parcours d’insertion original ayant accompagné 16oo jeunes avec « un taux de réussite de 60-75 % de candidats qui ont intégré l’entreprise ou fait des stages qualificatifs». Dans son discours reviennent sans cesse les mots «nation, citoyens et combat ». L’armée serait-elle un remède face à une crise de la transmission ?
« Les jeunes attendent un objectif, un cadre et des gens qui leur parlent vrai, assure le gradé. Et puis,un général ça sait ce qu’est l’Homme, ça a une vision stratégique et ça a des convictions pour la France». Le général ne plaide pas pour un retour du service militaire («inutile de revenir aux vieilles recettes, et le serice militaire n’a jamais été égalitaire»), mais espère «redonner foi» à des bataillons de désœuvrés. Le slogan de Cap Jeunesse sonne comme un appel à la mobilisation:«Vis,aime,devienslaFrance».
THOMAS MAHLER